La conciliation étude-travail : un enjeu important pour notre société

Sujet préoccupant pour 68 % de la population québécoise[1], la conciliation études-travail (CET) apporte son lot de défis pour les employeurs et les étudiant.es. Dans le contexte actuel de plein emploi, les employeurs peinent à pourvoir les postes vacants et doivent alors se tourner vers les étudiants, haussant la présence des jeunes Lanaudois sur le marché de l’emploi au cours des dernières années.

Pour s’adapter à cette conjoncture, certains gestionnaires peuvent être tentés d’offrir des emplois bien rémunérés avant même la fin des études de leurs employés étudiants[2]. Cette pratique pourrait mettre en péril la disponibilité d’un bassin de main-d’œuvre qualifiée pour notre région. Apprenez-en plus sur le sujet en explorant les différentes sections ci-dessous.

[1, 2] Réseau québécois pour la réussite éducative (2023a).

La réussite éducative contribue au développement d’une région. Ainsi, le décrochage scolaire engendre des impacts multiples, sur le plan tant économique que social ou individuel[1]. En 2019-2020, 11,2 % des élèves lanaudois ont quitté le secondaire sans diplôme ni qualification[2]. Cette proportion d’individus non qualifiés pourrait affecter le potentiel économique et productif du développement de la région, notamment en ce qui concerne l’innovation et la créativité, la productivité des entreprises, l’entrepreneuriat et l’attractivité, et la mobilisation régionale[3]. Ces leviers touchent particulièrement les employeurs, qui seront donc gagnants s’ils s’adoptent de bonnes pratiques en matière de conciliation études-travail auprès de leurs employés étudiants.

[1] Partenaires pour la réussite éducative en Chaudière-Appalaches (2016).

[2] Institut national de santé publique du Québec (2022).

[3] LAURIN (2023).

Les données les plus récentes (2018) nous montrent que la région de Lanaudière est la deuxième région au Québec où les jeunes de 15 à 29 ans travaillaient le plus grand nombre d’heures par semaine, soit 16,2 heures[1]. Lorsqu’un étudiant jongle avec les études et le travail, des impacts positifs et négatifs peuvent être constatés dans son quotidien.

Le choix de l’emploi occupé par un étudiant peut avoir un impact positif sur sa persévérance scolaire. En effet, occuper un emploi dans son domaine d’études comporte de nombreux bénéfices[2], notamment un engagement envers les études et la possibilité d’appliquer les connaissances acquises dans des situations réelles[3]. L’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur propose une liste de ces avantages :

  • « Développement des compétences en vue de la future insertion socioprofessionnelle (Darolia, 2014)
  • Mieux se connaître, avec ses forces et ses limites (Roy, 2008);
  • Renforcer son sens des responsabilités et son autonomie (ibid.);
  • Se familiariser avec la réalité du marché du travail, sa culture et ses exigences (Réseau réussite Montréal, 2023);
  • Obtenir une valorisation et une reconnaissance (ibid.);
  • S’identifier à des modèles significatifs (Réseau réussite Montréal, s. d.);
  • Établir un réseau de contacts dans le monde du travail (Remenick et Bergman, 2021; Vultur, 2023);
  • Acquérir des expériences de travail en lien avec sa profession avant la diplomation (ibid.);
  • S’assurer une transition plus harmonieuse vers le marché du travail en tant que personne diplômée (ibid.)[4]»

 

En contrepartie, si l’étudiant occupe un emploi à temps partiel qui s’éloigne de son domaine d’études et qu’il travaille de nombreuses heures par semaine (20 à 25 heures), cela pourrait nuire aux études[5]. Les études ne sont plus la priorité et des conséquences sérieuses peuvent être observées.

Avantages[6]

  • L’augmentation de la motivation scolaire
  • L’augmentation du sentiment d’efficacité personnelle
  • Le développement du sens de l’organisation et de l’autonomie
  • La capacité à gérer un budget
  • Le développement de la connaissance de soi
  • Une meilleure connaissance du monde du travail

Conséquences ou inconvénients[7]

  • La détérioration des résultats scolaires
  • L’augmentation de l’absentéisme scolaire
  • L’augmentation du risque d’accidents de travail
  • L’augmentation de la consommation de substances
  • Le manque de sommeil

[1] Institut de la statistique du Québec (2020).

[2] HEINRICH,CARRUTHERS et ECTON (2023), , cité par l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (2023).

[3] REMENICK et BERGMAN (2021), cité par l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (2023).

[4] Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (2023).

[5] BELGHITH (2015), cité par l’Observatoire sur la réussite en enseignement supérieur (2023).

[6, 7] GAGNIER, N. (18 septembre 2018); Réseau québécois pour la réussite éducative (2023b)

Le nombre d’heures travaillées par semaine est un référent souvent utilisé lorsqu’on pense à une bonne conciliation études-travail, mais plusieurs autres facteurs doivent être pris en considération. Les contraintes liées à l’emploi (l’horaire, l’organisation du travail, etc.) ainsi que les caractéristiques ou les situations pouvant rendre un travailleur étudiant plus vulnérable (p. ex. un étudiant issu d’un milieu défavorisé ou d’une famille monoparentale) sont des aspects non négligeables dans l’adoption de bonnes pratiques en matière de CET.

 

Voici des exemples concrets de contraintes liées à l’emploi [1] :

Contraintes relationnelles :

  • Situations tendues avec le public
  • Mauvaise ambiance de travail
  • Relations de travail difficiles avec des collègues ou des supérieurs

Contraintes physiques :

  • Travail en position debout
  • Manipulation de charges lourdes
  • Environnement bruyant
  • Mouvements répétitifs

Horaire :

  • Nombre d’heures de travail
  • Nombre d’heures consécutives de travail
  • Travail de soir ou de nuit
  • Travail pendant les jours de classe

Organisation du travail :

  • Charge de travail élevée
  • Manque de temps pour réaliser les tâches
  • Travail exigeant beaucoup de concentration
  • Interruptions fréquentes dans la réalisation des tâches
  • Tâches répétitives
  • Manque d’autonomie

Voici également des exemples de situations ou de caractéristiques pouvant causer une vulnérabilité chez les travailleurs étudiants :

 

Des travailleurs étudiants plus vulnérables

« Les jeunes ne naissent pas tous égaux. L’éducation peut permettre de redonner un équilibre à certains jeunes! », commentaire recueilli lors du Grand rendez-vous OSER‑JEUNES

 

Cette citation nous rappelle que certains jeunes peuvent vivre des réalités qui les rendent plus vulnérables. Les étudiant.es étant plus à risque d’augmenter leur nombre d’heures travaillées sont les suivants[2] :

  • «Issus d’une famille monoparentale;
  • Issus d’une famille dont les parents n’ont pas de diplôme d’études postsecondaires;
  • Issus d’une famille dont les parents ne sont pas en emploi;
  • Issus d’un milieu défavorisé;
  • Issus de l’immigration;
  • À risque de décrochage scolaire;
  • Aux études postsecondaires;
  • Avec des enfants à charge. »

Il peut donc être important pour les employeurs de prendre le temps de mieux connaître leurs employés. L’importance du dialogue démontre une ouverture et une confiance, ce qui pourrait être profitable tant pour l’employé que pour l’employeur.

[1, 2] Réseau réussite Montréal (2023).

 

Dans l’ensemble des MRC lanaudoises, des employeurs certifiés OSER-JEUNES déploient mille et une astuces pour favoriser la conciliation études-travail de leurs employés. D’une entreprise-école aux compétitions scolaires, ils font preuve de beaucoup de créativité. Découvrez-en quelques-unes!

 

 

 

MRC de D’Autray

Le Podium Synergy : consolider les aspirations scolaires et professionnelles

L’entreprise Coffrages Synergy organise le Podium Synergy, qui rassemble des étudiants lanaudois dans une compétition académique. Les participants doivent résoudre des cas dans deux domaines, soit en comptabilité et finance ainsi qu’en ressources humaines et marketing, en faisant preuve de créativité et d’innovation. Des bourses en argent sont remises aux équipes gagnantes. Cette initiative permet aux jeunes de consolider leurs aspirations scolaires et professionnelles. De plus, l’employeur crée un contact avec la relève et leur milieu, ce qui peut donner le goût aux jeunes de venir travailler pour l’entreprise.

MRC de Joliette

Les Galeries Joliette : souplesse et confiance envers leurs employés étudiants

Les Galeries Joliette offrent à leurs employés étudiants une période de 30 minutes payées avant chacun de leurs quarts de travail. Cette initiative permet aux étudiants d’avoir suffisamment de temps pour se déplacer de l’école au travail, de se préparer et de manger.

MRC de L’Assomption

Le Centre aquatique Jacques-Dupuis de Repentigny se mouille pour la relève!

Les gestionnaires du Centre aquatique ne lésinent pas sur les efforts afin de s’assurer du maintien en poste et de la relève au sein de son organisation. Ils font preuve d’adaptation en acceptant de moduler les horaires à la réalité de leurs employés étudiants, en leur assignant des tâches selon leurs aptitudes ou encore en leur offrant des formations gratuites. Ces nombreux avantages sont appréciés des jeunes, dont certains restent en poste pendant de nombreuses années.

MRC Les Moulins

Archiv Immo excelle en adaptation!

L’entreprise Archiv Immo offre la possibilité à l’une de ses employées étudiantes de travailler à distance pendant un stage de quatre mois qui se déroule en Autriche. La grande souplesse de l’employeur permet à l’employée de décrocher son diplôme tout en conservant sa place dans l’équipe de travail.

MRC de la Matawinie

Carrefour jeunesse-emploi Matawinie – Une école, une entreprise!

Une école, une entreprise est un projet proposant la mise en place d’une entreprise collective développée et gérée par les jeunes. Elle est incorporée à titre d’organisme à but non lucratif (OBNL) et prend place dans une école en collaboration avec un carrefour jeunesse-emploi. Pour en apprendre davantage, consulter ce lien :  CTREQ-Pour-une-école-une-entreprise-Guide-FINAL_16_FEV_22.pdf (cjematawinie.qc.ca)

MRC de Montcalm

Alliance ressources humaines : la CET au cœur de ses priorités

En plus d’être un partenaire RH au sein du programme OSER-JEUNES, l’entreprise s’engage à respecter sa politique encadrant le travail étudiant en investissant temps et argent pour le bien-être et la réussite éducative de ses employés étudiants :

  • Rembourser une partie ou la totalité des frais de scolarité à la suite de la réussite du cours, si ce dernier est en lien avec le travail;
  • Remettre des bourses en argent pour souligner la persévérance scolaire.

… approfondir le sujet

Le Radar lanaudois de la réussite éducative a produit deux fiches complémentaires à cette infolettre. On y retrouve plusieurs statistiques ainsi que des informations supplémentaires concernant la CET et le marché de l’emploi dans Lanaudière.

… soutenir la mobilisation et s’inspirer

Le programme OSER-JEUNES

Depuis 2006, le CREVALE a mis en place le programme OSER-JEUNES, initiative unique à notre région qui vise à certifier et à accompagner les employeurs dans leurs changements de pratiques afin de favoriser la persévérance scolaire de leurs jeunes employés. Depuis la création du programme, plus de 660 employeurs ont été sensibilisés aux enjeux de la CET. Le site oser-jeunes.org propose plusieurs outils destinés aux employeurs, aux étudiants et aux parents. Voici quelques propositions :

Le répertoire des employeurs certifiés

Répertoire permettant à un.e étudiant.e à la recherche d’un emploi de connaître les employeurs lanaudois qui ont à cœur sa réussite

La fiche aide-mémoire sur la génération Z 

Trucs et astuces pour adopter de bonnes pratiques avec la génération Z

Réflexion-conciliation

Activité clés en main pour les intervenant.es jeunesse afin de discuter en groupe des bonnes pratiques en matière de CET

Autre ressource disponible au CREVALE

Pour toute question concernant le programme OSER-JEUNES et la CET, il vous suffit de communiquer avec Catherine Leprince, chargée de projet, milieu des affaires

 Autres ressources externes à consulter

La version améliorée du site jeconcilie.com propose un questionnaire interactif d’autoévaluation permettant aux étudiant.es de tous âges qui occupent un emploi d’en apprendre davantage sur la qualité de leur conciliation études-travail.

L’outil de gestion du temps du programme Conciliation études-travail proposé par Je choisis mon employeur permet à l’étudiant de juger s’il gère bien son temps.

L’Université TÉLUQ offre un MOOC sur les défis liés à la conciliation études-travail (famille).

Les enjeux et les défis de la conciliation études-travail demandent de l’adaptation et une ouverture de la part de l’employé étudiant, de l’employeur ainsi que des parents. En ce sens, de nombreuses entreprises lanaudoises posent déjà de nombreux gestes innovants en matière de CET. Soyez inspiré.e et inspirant.e!

Ainsi, nous devons toutes et tous rester à l’affût des signes indiquant une mauvaise gestion de la conciliation études-travail afin de travailler ensemble pour favoriser la persévérance scolaire et la réussite éducative de chaque jeune et adulte en formation.

En ayant de bonnes pratiques de CET, nous nous assurons d’une :

      • Stabilité pour les employés étudiants pendant leur parcours scolaire;
          • Main-d’œuvre étudiante engagée et fidélisée, ainsi que d’une marque employeur qui se distingue.

Tout cela vise un but précis : disposer d’une relève qualifiée et heureuse dans notre région!

On peut consulter l’ensemble des références de ce dossier thématique sur la CET en suivant ce lien : Bibliographie

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